C’est le 30 septembre 2019, le cadran sonne à 2h30 am. Les yeux petits et le regard endormi, je prends la route 15 minutes plus tard direction parc national de la Gaspésie. Le but : aller à la rencontre des caribous montagnards qui fréquentent les hauts sommets de cette magnifique chaine de montagnes, les Chics Chocs.
Quelques heures plus tard, je stationne la van, il fait encore bien noir et j’ai une randonnée plutôt ardue qui m’attend. Sans hésiter, j’enfile le sac à dos de quelques dizaines de livres, je place mes écouteurs et je débute l’ascension. La nuit, inutile de tenter de profiter de la vue en montagne, c’est le moment parfait pour se concentrer à une seule chose : mettre un pied devant l’autre en pensant à la rencontre avec les caribous qui sera peut-être la récompense.
Non pas sans suer j’arrive au sommet un peu avant le lever du soleil. Comme ça arrive fréquemment au-dessus de 1000m en altitude, c’est un immense banc de brouillard qui m’attend à mon arrivée. S’il faisait noir durant la montée, là il fait blanc… que blanc. La température en ce mois de septembre est entre -5 et 0 degré Celsius, tout est givré… même les caribous!
Eh oui, la bonne nouvelle c’est qu’au travers de ce nuage, je vois mes premiers individus de cet animal maintenant si rare en Gaspésie. C’était la deuxième fois que j’avais le privilège de les admirer de mes propres yeux, en pleine nature. Quelle prestance!! Je décide de me réchauffer an ajoutant les couches isolantes que j’avais apportées dans mon sac. Du même pas, je prépare mon équipement photo et décide de prendre le temps de regarder et laisser le brouillard se dissiper (en tout cas, c’est mon souhait).
Presque imperturbables, les caribous demeurent couchés tout près du sentier principal, disparaissant parfois dans l’épais nuage poussé par le vent. Une heure plus tard, la vue se dégage et la première lueur de lumière fait son apparition. Je me souviendrai toujours du moment où j’ai compté les 14 caribous qui étaient à cet endroit à ce moment, j’avais peine à y croire.
De les voir c’est déjà tout un privilège, mais avoir une ambiance hallucinante, un givre si photogénique, des couleurs d’automne et plus de 10 individus comprenant mâles, femelles et veaux, c’est un rêve!! Le temps file et je prends des milliers de photos en arrêtant parfois pour simplement profiter, regarder et écouter le spectacle auquel j’assiste et absorber toute cette beauté.
Étant en début de rut, j’assiste à des combats entre mâles, je peux entendre l’intensité des altercations et les bois qui se frottent, j’observe des poursuites impressionnantes, des moments doux entre femelles et veaux, des scènes irréelles mais pourtant bien concrètes, presque tangibles. Je dis presque tangible, parce qu’un des individus a décidé de s’approcher à une distance si courte que si je tendais la main, je lui touchais le museau! 
Vers la fin de l’après-midi, le froid avait pénétré mes couches de vêtements et surtout, mes bottes de randonnée. Malgré ma volonté que cette journée dure l’éternité, j’entrepris la descente. En environ 6h ou 7h au sommet, j’aurai vu plus de caribous que de randonneurs, pris plus de 5000 photos et vidéos, mais surtout créé parmi les meilleurs souvenirs de ma jeune carrière de photographe encore à ce jour.
Merci infiniment de prendre le temps de me lire et regarder mes images. Si vous êtes des amoureux des caribous comme moi, vous pouvez commander des impressions et cadres de plusieurs photos de ces nobles bêtes. Les liens sont ci-dessous! N'hésitez pas à me laisser vos commentaires.
Si vous souhaitez en savoir plus sur la situation critique de la harde de Gaspésie, il y a aussi plusieurs organismes qui sensibilisent et militent pour leur protection comme la SNAP Québec, le CREBSL, Nature Québec, le Comité de protection des monts Chics-Chocs pour ne nommer qu'eux.
Jean-Christophe
VOUS ÊTES ‘’OEIL D’ARFANG’’
Magnifique !!! sur votre blog grâce à mon étudiant Emile Soler qui vous a interviewé cette année. Laurent villermet, prof d’ecologie a Saint Etienne en France !
WoW!! Magnifique! Merci infiniment de partager avec nous la beauté infinie de la nature…
C’est fabuleux, merci du partage, il y a maintenant, quelques années que je “suis” votre actualité, c’est tjrs un enchantement de voir vos photos et lire vos texte. Bravo à vous et continuez à le faire rêver d’un pays où je n’irai certainement jamais.
Merci de nous emmener avec toi pour vivre ces moments! À te lire , c’est comme si j’y étais. Avec tes yeux et ta plume , je vie le moment , ton moment avec ta passion .
Merci tellement de nous faire entrer dans cette vie… sans les engelures 😊
Ton récit est passionnant à lire, j’avais l’impression d’y être avec toi. Tu as une belle plume JC et c’est très généreux de ta part de nous partager ta passion. J’espère avoir la chance un jour de te “serrer la pince”. Grand merci.
Votre commentaire est superbe bien écrit, J’avais l’impression de vivre cette journée si froide avec les caribous. Les photos sont magnifiques. Merci
Votre récit aux caribous nous a fasciné. Que de beauté de la part de ces chères bêtes. Surtout le chemin que vous avez parcouru pour nous offrir ces photos magnifiques, c’est du courage, de la patience et bonne résistance a la froidure. Nous vous admirons. Grâce à vos belles photos, vous nous donnez du Bonheur Gros Merci
Ah…tellement beau. ..Un beau spectacle..vous êtes très patient et formidables..un jour j’irai dans votre coin…bravo…
J’admire votre patience et votre endurance. Mais je comprends également que la récompense est largement suffisante pour l’expliquer. Vous êtes très talentueux et vous avez un don pour connecter avec vos sujets, je pense. Vous ne leur inspirez pas tellement de méfiance à ce que je vois! Bravo!
Les quelques dizaines de secondes passées à plonger mon regard dans celui du renard arctique, mon tout premier, auront suffi pour réanimer ma motivation. Dès l’aube, en fait bien avant, je suis déjà prêt à affronter le froid pour partir à sa recherche. Comme il semble avoir des habitudes plus nocturnes, j’adopte le même comportement pour maximiser mes chances de le croiser à nouveau. Pas de chance ce matin là.
J’ai longtemps hésité à partir de nouveau sur le territoire d’Eeyou-Istchee Baie-James cet hiver. Non pas en raison de l’aventure de l’an dernier telle que racontée dans mon livre Taïga, mais surtout parce que je considérais que les images obtenues durant ce périple allaient être difficiles à surpasser. Comment vivre plus d’émotions que durant un après-midi complet à photographier une famille de lynx du Canada ? Ou encore lorsque 20 caribous foncent directement vers moi ? Puis, la distance à parcourir entre Rimouski et la route Transtaïga est elle aussi non négligeable. Plus de 20 heures de voiture et tout près de 2000 km, en partie sur des chemins très isolés. Malgré tout, une espèce qui est rarement, voire jamais, observée dans cette région m’a convaincu de prendre le volant et repartir à l’aventure.
Jean-Christophe Lemay
Auteur
Photographe de nature professionnel basé à Rimouski, au Québec.